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vendredi 28 février 2014

A l'école de la nuit de Louis Bayard

Angleterre, XVIe siècle. Thomas Harriot, mathématicien et astronome, est considéré comme le Galilée anglais. Scientifique de génie, il a constitué, avec quatre de ses amis, dont l'explorateur et espion Walter Raleigh et le dramaturge Christopher Marlowe, une mystérieuse société secrète, l'Ecole de la nuit. Washington, de nos jours. Aux funérailles d'Alonzo Wax, célèbre bibliophile, son exécuteur testamentaire, Henry Cavendish, spécialiste de l'époque élisabéthaine, est approché par un certain Bernard Styles. Celui-ci lui propose 100 000 dollars en échange d'un courrier énigmatique que Wax aurait eu en sa possession avant de mourir. Plongé dans les nombreux mystères de la bibliothèque de Wax, Harry réalise vite que cette lettre est peut-être susceptible de lever le voile sur l'un des secrets les mieux gardés de l'Ecole de la nuit. S'inspirant de faits réels, Louis Bayard nous convie à une formidable quête ésotérique, truffée de codes secrets et d'énigmes historiques, convoquant au passage l'histoire de la colonie perdue de Roanoke ou les zones d'ombre de la vie de Shakespeare. Avec une intrigue riche en rebondissements, il tient le lecteur en haleine de la première à la dernière ligne.

Avis d'un membre du club Rouletabille (Michel E.) :

Ce roman tient son nom de chercheurs anglais spécialisés dans l'époque élisabéthaine, qui étudiaient l'athéisme dans l'Angleterre du XVIIième siècle, et qui ont émis l'hypothèse que sa propagation à pris naissance lors de la création d'une société secrète : l'école de la nuit.
Cette école de la nuit aurait rassemblé milieux aristocratiques et littéraires, dont Marlowe, Raleigh, Shakespeare, et notre héros Thomas Harriot.

Hou là... rébarbatif ! 
Et bien non, malgré la couverture inquiétante que rappel l'affiche d'Orange mécanique, le livre vaut le détour.
Le romancier double son roman en un va et vient permanent entre les deux époques.
La plus moderne, se situe de nos jours à Washington puis en Angleterre.

L'intrigue contemporaine est classique. Henry, néophyte dans les affaires criminelles, accompagné par Clarissa et d'un invité "surprise", va tenter de connaitre la vérité sur cette fameuse école de la nuit et les mystères laissés par son ami défunt Alonzo.
Meurtres, disparitions, codes secrets, carte au trésor, trahisons, révélations, coups de théâtre, séduction sont de mises, avec une pointe d'ésotérisme, indispensable pour lier les deux époques. La plus ancienne se situe en 1604, et suit la vie et les recherches d'Harriot, scientifique et naturaliste, d'abord sur les rives de Caroline du Nord qu'il cartographie, puis en Angleterre, où on lui devrait entre autres des découvertes en astronomie et en physique sur la réflexion de la lumière. Le tout s'accompagne d'une belle histoire romanesque et s'achève durant une épidémie de peste. 

Cette partie nous permet de connaitre la version de l'auteur sur cet école de la nuit qui nécessite, pour bien la comprendre, de passer par des explications savamment distillées sur le climat politique, philosophique et religieux, ainsi que sur les modes de vie de la fin du règne de la reine Elisabeth. 
L'auteur nous montre également la toute puissance de l'Eglise, et les déboires des membres de l'école de la nuit.

Ce roman sympathique a su marier les deux époques. C'est brillant, bien renseigné et jamais ennuyeux, du moins pour qui n'est ni catholique intégriste, ni rebuté par l'Histoire anglicane.

Note : 15/20

Les égarés de la plage de Philippe Huet

Non loin du Havre, où Gus Masurier - l'ex journaliste familier des romans de Philippe Huet - passe un week-end en amoureux avec sa compagne Vicky, un porte-conteneurs s'échoue sur une plage. La population locale ne se gêne pas pour dévaliser les marchandises. Parmi les pillards, particulièrement renseignés, les frères Mahé parviennent à récupérer six grosses Kawasaki dont les réservoirs contiennent une fortune de diamants clandestins. Les Mahé sont des voyous, sans doute, mais aussi de vieux amis de Gus. Pas question de laisser ces derniers aux mains de tueurs flamands décidés à les abattre. Les Havrais entendent rester maîtres chez eux. Gus n'a plus que le choix de sauver sa peau.

Avis d'un membre du club Rouletabille ( Maryse W.) :

Un auteur de romans noirs français.
Son personnage récurrent, Gus, un ancien journaliste, se retrouve au Havre pour un week-end amoureux en pleine tempête. Il est témoin du pillage d'une cargaison tombée d'un porte-conteneurs belge.
C'est Le Havre que l'on s'imagine : brouillard et humidité, nuages gris et pluie, béton noyé dans la brume... Parmi les pillards, Gus retrouve des amis d'enfance. On se prend a lors à apprécier aussi bien le truand que le journaliste qui se retrouvent embarqués (normal, on est dans un port) dans une guerre entre truands. Une affaire qui de toute façon va très mal tourné.
L'écriture est agréable, la lecture faciel.

Note : 13/20

Le poil de la bête de Heinrich Steinfest

Anna Gemini est une blonde discrète, mère célibataire, devenue tueuse à gages pour assurer une vie confortable à son fils Carl, adolescent handicapé dont elle ne se sépare jamais. Mère poule et tueuse freelance : Anna allie les deux sans états d âme inutiles. Deux principes cependant lui tiennent à cœur : elle part toujours en mission avec son fils, et ses victimes doivent acquitter elles-mêmes, d'une façon ou d'une autre, le prix de leur élimination. Après avoir éliminé un diplomate norvégien, à la demande de l'épouse de celui-ci, elle tombe sur le détective privé Markus Cheng, Autrichien exilé à Copenhague mais mandaté par le gouvernement norvégien pour enquêter sur le meurtre.
Markus Cheng est l'incarnation du flegme viennois : émotions maîtrisées et distance critique. Autrichien pur jus malgré un physique de Chinois, traversé en permanence par des états d'âme divers et variés, il a perdu sa femme et un bras au cours d enquêtes précédentes, et ne regrette d'ailleurs ni l'un ni l'autre. Il forme un couple incongru avec son vieux chien, Oreillard, devenu incontinent, qui passe son temps à dormir et n'a jamais fait peur à personne. Petit à petit, Cheng s'enfonce dans cette enquête en forme de sables mouvants, où tout le monde se connaît et court après le même Graal : la formule secrète de la première Eau de Cologne (4711), qui serait un élixir de vie éternelle.


Avis d'un membre du club Rouletabille (Simone H.) :

Ca part dans tous les sens.
Digressions sans intérêt pendant des pages, et qui font perdre le cours d'une histoire complètement loufoque d'ailleurs.

Note : 8/20

Par le feu de Janes Casey

Faire feu de toute femme. Le Crémateur. C'est ainsi que les médias surnomment le tueur en série qui terrorise Londres. Sa particularité ? Rouer de coups des femmes avant de brûler leur corps dans des parcs de la ville. Il compte déjà quatre victimes à son actif. Alors que la police croit avoir mis la main sur le coupable, un cinquième cadavre est découvert. Le meurtrier court-il toujours ? Pour le lieutenant Maeve Kerrigan, jeune recrue de la police londonienne chargée d'enquêter sur Rebecca Haworth, la dernière victime, la tâche s'annonce des plus ardues : pas de témoin, des indices partis en fumée, une équipe misogyne qui ne la soutient pas... Tandis qu'une véritable psychose s'empare de la ville, elle décide de fouiller dans le passé de la défunte, espérant trouver des pistes susceptibles de la mener au coupable. Rapidement, elle comprend que Rebecca n'était pas la femme que l'on croyait... En jouant sur l'alternance des points de vue et les faux-semblants, Jane Casey s'amuse à duper le lecteur, qu'elle parvient à tenir en haleine jusqu'à la dernière page.

Avis d'un membre du club Rouletabille ( Miche W.) :

Un jeune lieutenant de police, Maeve Kerrigan fait partie d'un groupe spécial chargé de retrouver un tueur : Londres est sous le choc d'une série de meurtres de quatre femmes. L'enquête est alors perturbée par la découverte d'un nouveau corps, Rebecca, dont certains détails ne collent pas avec les autres meurtres. Rien que du classique dans le genre jusque là. Et bien non !

Maeve, qui du mal à se faire sa place dans le groupe et peu soutenue par ses coéquipiers qui doutent de ses capacités, se retrouve écartée de l'enquête principale et est chargée de ce cinquième meurtre. On s'attend à la découverte d'un tueur en série mais en fait, "le Crémateur" (c'est le nom donné au tueur) est le contexte de l'histoire qui tourne autour de Rebecca. Qui est-elle ? Que cachait-elle ?
On est surpris au départ par la construction de ce polar. On se retrouve face à plusieurs narrateurs qui permettent de voir l'instant présent sous plusieurs points de vue. Un peu à la manière du film Jackie Brown de Quentin Tarantino. C'est le titre du chapitre qui nous indique qui est le narrateur du moment, et cette alternance des différents personnages de l'histoire amplifie le mystère ou apporte des explications imprévisibles. 
On découvre au fil des pages des retournements et des révélations qui mettent en doute ce que l'on imaginait. Rebecca et le Crémateur se sont-ils croisés à un moment ? 
Mais "Chut !" je n'en dis pas plus. On ne s'ennuie pas jusqu'à la dernière page.
Un polar excellent.

Note : 16/20

jeudi 6 février 2014

Fiançailles de Chloé Hooper

Venue d'Angleterre, Liese Campbell travaille dans une agence immobilière à Melbourne. Afin de rembourser ses dettes, elle a pris l'habitude de retrouver Alexander, un riche homme d'affaires, dans des appartements en location, pour s'adonner à des jeux érotiques rémunérés. Alexander ne sait rien du double jeu de Liese, qui commence quant à elle à éprouver un certain malaise par rapport au rôle qu'elle s'est façonné, qui l'oblige à mythifier son passé et à redoubler de prudence. Résolue à quitter l'Australie, elle accepte toutefois la proposition d'Alexander de passer un week-end dans sa grande propriété au milieu du bush. Mais rien ne se passera comme elle l'avait imaginé...

Avis d'un membre du club Rouletabille (Maryse W.) :

Pas de cadavre. Ce n'est pas un thriller à proprement parler. Cela tire plutôt vers le conte pervers, entre fantasme et destruction. C'est un roman qui sort des sentiers battus. 
L'histoire tient en quelques mots.
Autrefois architecte à Londres où elle a accumulé un certain nombre de dettes, Liese Campbell vit à présent à Melbourne, travaillant pour son oncle agent immobilier.
Elle fait la rencontre d'Alexander, riche propriétaire terrien qui cherche un appartement. Au fil de leurs rendez-vous, Liese et Alexander entament une liaison rémunérée, l'occasion idéale pour Liese de rembourser ses dettes et quitter l'Australie. Elle bascule dans un jeu trouble qui, ne lui en déplaise, ressemble à de la prostitution.
Juste avant son départ, Alexander lui propose une coquette somme d'argent en échange d'un week-end passé avec lui dans sa ferme du bush.
Autant dire que Liese est loin de soupçonner ce qui l'attend... Et pourtant... les choses ne vont pas se dérouler comme prévu.

extrait :
Un froid glacial m'envahit. Je l'avais invité dans ma pièce la plus intime. Une fois dedans, il s'était emparé de mon fantasme et l'avait complètement désarticulé.
Jusqu'à ce que, par le plus grand, le plus improbable des hasards, je comprenne que je m'étais échouée dans un endroit froid, humide, inconnu.
J'étais dans la pièce qui se trouvait à l'intérieur de sa tête à lui  et il avait fermé la porte à clé.

Après deux lectures, je reste perplexe quant au final. On ne sait pas trop quoi penser.

Note : 10/20

Pyromanie de Bruce Desilva

Liam Mulligan est un journaliste de la vieille école. A Providence, Rhode Island, il connaît tout le monde : les prêtres et les prostituées, les flics et les voyous, les politiques et les mafieux (souvent les mêmes). Quand les maisons du quartier populaire où il a grandi se mettent à brûler les unes après les autres, il laisse tomber les sujets sur lesquels il bossait pour la feuille de chou locale et commence sa propre enquête. 
Question d'éthique professionnelle. En plus de ça, la police semble un peu trop pressée de classer l'affaire pour être honnête. Et puis Mulligan ne se résigne pas à voir le terrain de jeu de son enfance partir en fumée. A une époque où "investigation" est devenu un gros mot, sa hiérarchie le colle au tri des dépêches d'agences. Menacé, tabassé, il se retrouve bientôt en haut de la liste des suspects. 
Pour couronner le tout, la mafia pose un contrat sur sa tête. Portrait au vitriol d'une petite ville et d'un non moins petit Etat, réputés pour l'impéritie et la corruption de leurs dirigeants, Pyromanie s'inscrit dans la grande tradition du noir. Les jurés des prix qui l'ont couronné ne s'y sont pas trompés.


Avis d'un membre du club Rouletabille (Michel W.) :

Rhode Island.
Un polar journalistique. Même si l'auteur a été encensé par Michael Connelly, il n'en reste pas moins que c'est un polar pour américains et pour les amateurs de Baseball. Si on ne possède pas les codes de ce sport, on se retrouve avec des pages entières dans lesquelles on n'y comprend pas grand-chose avec, en plus, des joueurs parfaitement inconnus. C'est comme si un Amerlock lisait un polar français dans lequel on ne parle que de rugby, citant des clubs et des gloires nationales actuelles et passées...

Ceci étant, Liam Mulligan est un journaliste de la vieille école, dont les méthodes évoquent le temps passé de la grande presse d'investigation, l'époque de l'inspecteur Marlowe. De plus, il est entouré de jolies femmes. Dommage qu'il soit autant passionné par le Baseball. Ça gâche un peu le plaisir. Heureusement qu'il écoute de la bonne musique...

Note : 12/20

Zoo de James Patterson et Michael Ledwidge

Des lions qui dévorent leur gardien, un éléphant qui piétine son cornac, un chimpanzé apprivoisé qui se mue en tueur sanguinaire... Partout sur terre, les animaux - même les plus inoffensifs - se rebellent et attaquent l'homme.
Pour Jackson Oz, docteur en biologie à l'université de Californie, l'hostilité soudaine des animaux est la résultante d'un bouleversement écologique dont il est urgent de déterminer la cause.
Aidé par Chloé Tousignant, Oz tente de faire prendre conscience aux grands de ce monde que l'humanité court à sa perte. Mais les écoutera-t-on avant que la Terre ne devienne un vaste zoo, dont les animaux auront pris le contrôle ?


Avis d'un membre du club Rouletabille (Michel W.) :

Thriller apocalyptique pour un des auteurs les plus lu au monde et le numéro 1 mondial des ventes. 
C'est ce qui est écrit sur le quatrième de couverture et ça fait peur...
Et dire qu'ils s'y sont mis à quatre mains pour l'écrire !!!
Un auteur qui publie deux à trois romans de trois cents cinquante à trois cents quatre-vingt pages par an ne peut pas faire dans la dentelle (format maxi adopté pour un ouvrage américain de ce genre pour avoir la chance d'être lu...).
N'arrive pas à la hauteur de Harlan Coben, tout du moins pour ce titre qui ne donne pas la moindre envie d'en lire un autre. C'est du roman USA mal écrit dans toute sa splendeur. 
Scénario improbable ? Allez savoir... Les animaux se soulèvent contre l'Homme pour d'obscures raisons. Les politiques et les militaires contre les gentils scientifiques. Mais je n'en dirais pas plus au risque de dévoiler la totalité de l'intrigue. 
C'est du grand public car si l'on recherche des bases scientifiques, c'est zéro au niveau du message écologique. Une mauvaise littérature de hall de gare... US bien entendu.
Les chapitres sont très courts. On ne risque pas de s'y perdre.
Dommage car même avec ce type de scénario, on aurait pu faire mieux. 
Ce n'est pas un ouvrage que je conserverais dans ma bibliothèque.
C'est un mauvais roman d'aventure.
Un auteur qu'on peut ne pas découvrir.

Note : 6/20

Animaux solitaires de Bruce Holbert

Comté de l'Okanogan, Etat de Washington, 1932. Russel Strawl, ancien officier de police pour le compte de l'armée, reprend du service pour participer à la traque d'un tueur laissant dans son sillage des cadavres d'Indiens minutieusement mutilés. Ses recherches l'entraînent au cœur des plus sauvages vallées de l'Ouest, là où les hommes qui n'ont pas de sang sur les mains sont rares et où le progrès n'a pas encore eu raison de la barbarie. 
De vieilles connaissances croisent sa route, sinistres échos d'une vie qu'il avait laissée derrière lui, tandis que se révèlent petit à petit les noirs mystères qui entourent le passé du policier et de sa famille. A l'instar des romans de Cormac McCarthy, Animaux solitaires mêle avec brio les codes du western et ceux des plus grands romans noirs. Un premier roman remarquable dont on ne pourra oublier le héros mélancolique qui rêve d'imposer sa justice aux confins de la civilisation. 
Quel que soit le prix à payer.


Avis d'un membre du club Rouletabille (Michel E.) :

Le roman nous entraîne en 1932, dans une région sauvage de l'état de Washington, où la civilisation n'est qu'un mince vernis et la notion de bien et de mal est sujette à fluctuations.
L'histoire raconte le périple de Strawl, ancien shériff à la retraite que l'on force à reprendre du service en raison de crimes particulièrement atroces commis sur des indiens.
Strawl, pour qui la violence est une seconde nature, et qui est plus tendre avec son cheval qu'avec ses congénères, repart en chasse, aidé de son fils adoptif, qui ne s'exprime qu'en citant des versets bibliques...
Le livre se situe entre le western et le polar noir, avec chevauchées, beuveries dans les saloons, descriptions détaillées de la faune et de la flore, réflexions philosophiques sur l'absurdité de la vie, sur le non-sens de la religion...
Les dialogues sont laconiques.
Au final une impression de malaise prévaut, en partie imputable aux descriptions détaillées des tortures infligées aux victimes, en partie due au pessimisme des réflexions philosophiques et à la morale insensée du héros. 

Note : 12/20