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mardi 25 novembre 2014

Celui qui ne meurt jamais de Dominique Faget

En Afrique, à la mort d'un homme, le sculpteur du village s'imprègne de l'aura du défunt et façonne secrètement un Masque à son effigie. L'âme du disparu y sera enfermée pour l'éternité. Automne 1975, à Bordeaux, des femmes sont retrouvées atrocement mutilées... Un reporter se retrouve en proie à des cauchemars et à des visions d'horreur... Une jeune inspectrice métisse enquête. Ses investigations la mèneront au cœur de l'Afrique et de ses mystères.

Avis d'un membre du club Rouletabille (Michel E.) :


Voyage dans le temps et l’espace… d’abord en 1910 en Afrique occidentale Française, où un mystérieux coffre est déterré; puis essentiellement en 600 av JC en Afrique et dans la France de 1976 où deux histoires parallèles séparées de 3000 ans finissent par se rejoindre au moment du dénouement.
Histoire d’un frère de Pharaon abandonné sur les côtes africaines par un capitaine phénicien, de sa survie en territoire hostile grâce à un chef de village … et de son destin hors du commun, car c’est lui qui "ne meurt jamais".
Histoire d’Alain, journaliste baroudeur, personnage ambiguë, poursuivi par un masque africain doté d’un étrange pouvoir…
Voyage dans l’ésotérisme, étude ethnologique, récit historique, Polar (quelques meurtres horribles (mais heureusement pas décrit par le menu !) du coté d’Arcachon…), on ne sais pas trop où classer ce roman atypique.
L’auteure sait nous faire partager son amour pour ce continent africain ; et elle dispose de bases de documentations solides qui rend crédible ce récit à la limite du fantastique.
Donc ça marche ! Le style est élégant et même si on se doute de l’identité du coupable, on en est jamais vraiment sûr et le suspens est préservé !
S’il fallait vous faire un peu frissonner, voici le leitmotiv qui accompagne les meurtres :
Une lame pour trancher, un poignard pour découper, un pic pour achever…
Même s’il faut prendre pour argent comptant l’explication finale, le cartésien que je suis s’est laissé bercé au fil du récit par cette enquête hors norme !
Méfiant dés qu’un grand prix est attribué, ce roman qui a décroché celui des lecteurs d’un hebdomadaire à grand tirage, mérite le détour.
A recommander.


Note : 16/20

Thninking eternity de Raphaël Granier de Cassagnac

Adrian Eckard, biologiste de talent, réchappe à un attentat de dimension planétaire en perdant la vue. Bénéficiaire de la première greffe cybernétique oculaire mais bouleversé par l’événement, il quitte tout pour parcourir le monde et enseigner la science la plus fondamentale dans les endroits les plus reculés. Humble et charismatique, soutenu par des compagnons convaincus, il fonde un mouvement mondial, le thinking, qui rencontre un succès foudroyant et bientôt, le dépasse. Pour le meilleur comme pour le pire...

Sa sœur Diane, neuro-informaticienne de génie, est au même moment recrutée par Eternity Incorporated, entreprise philanthropique vouée à la survie de l'espèce humaine par-delà d'hypothétiques catastrophes en tout genre. Elle y développe les premières consciences artificielles destinées à œuvrer pour notre bien. À moins qu'elles ne finissent par nous remplacer...

Dans un monde en proie aux questions brûlantes des dernières découvertes scientifiques, Thinking Eternity est à la fois un thriller haletant, une enquête journalistique et une anticipation visionnaire qui nous montre en direct la marche de l'humanité vers sa singularité, ce moment-clé où les capacités technologiques dépasseront l'être humain. Pour l'éternité ?


Avis d'un membre du club Rouletabille (Michel E.) :


Le métier de chercheur en physique des particules de l’auteur Raphaël Granier de Chassagnac (qui en a trouvé au moins une dans son nom !) pourrait rebuter les non-scientifiques. Mais le vocabulaire est à portée de tous, les phrases concises, et les paragraphes courts.
Après une série d’attentats touchant les principales villes de la planète, Adrian Eckart, jeune cybernéticien talentueux, survivant mais atteint de cécité, se voit proposer une greffe d’yeux artificiels.
La sœur d’Adrien, Diane Eckart, ayant soutenu une thèse sur l’intelligence artificielle, se fait recruter par une mystérieuse et richissime multinationale à vocation philanthropique.
Le récit mené comme un documentaire, commence aux attentats du 9/11, et nous retrace l’histoire d’Adrien, qui déclenchera une révolution indépendamment de sa volonté; de sa sœur, responsable d’un projet d’évolution d’intelligence artificielle; ainsi que les événements qui s’en suivirent.
Les questions posées dans la première partie concernent les prothèses cybernétiques ( peut-on en avoir une autrement que par nécessité médicale et si oui dans quel but ?), la responsabilité de ne plus assumer le commandement d’une révolution dont on est l’initiateur, et qui prône l’accès gratuit au savoir pour tous via internet dans un monde non violent.
L’auteur montre le passage progressif de cette révolution au statut de religion, et pour Adrien, bien malgré lui, son accession au grade de messie.
Diane, sa sœur, ne travaille qu’avec des I.A. qui, au fur et à mesure de leur progrès, ressemble de plus en plus aux humains. D’où la question de savoir ce qui différencie les deux, et leur place dans la société, pour le bien de l’humanité ?
Les deux histoires s’imbriquent dans la dernière partie jusqu’au dénouement, qui m’a laissé perplexe et annonce une suite…
La science décrite en fait n’est pas tant en avance sur notre temps mais l’auteur nous force à réfléchir .
Plus S-F que Polar, mais facile à lire et intéressant.


Note : 15